L#Europe est décidément à l#ordre du jour. Alors que l#Union vient de s#ouvrir à dix nouveaux pays, en majorité issus de l#ex-bloc soviétique, les élections pour le renouvellement du Parlement européen auront souligné l#insuffisance des débats portant sur l#avenir de l#intégration communautaire, la campagne ayant été par trop marquée par des enjeux politiques étroitement nationaux. Cela a été d#autant plus paradoxal que cette réunification politique du Vieux Continent, effaçant les clivages issus de la Guerre froide s#est opérée à la veille des commémorations du débarquement allié de 1944 en Normandie, qui a contribué, au-delà de la victoire sur le nazisme, à rendre possible, à l#ouest du continent, une construction politique destinée à prévenir toute tentation de résurgence de conflits armés. L#Europe doit aujourd#hui surmonter les divisions géopolitiques que la guerre de l#Irak de 2003 a révélées et que l#administration Bush a habilement réveillées. Elle doit également se convaincre qu#elle est encore porteuse de prospérité et de progrès scientifique après une décennie de faible croissance et de retard technologique. Enfin, elle doit faire face à des dangers extérieurs qui mettent en péril l#équilibre du monde. L#Union doit par-dessus tout vaincre les appréhensions qu#elle suscite et les espoirs déçus qu#elle alimente. On le voit : il s#agit d#échéances redoutables. Mais comment aujourd#hui parler de l#Europe aux Européens ? Comment comprendre qu#il s#agit là d#un enjeu majeur, vivant bien que complexe, résolument politique bien que d#apparence technocratique, faisant sens historique, malgré le caractère prosaïque de certaines controverses ?