En octobre 1840, le général Gourgaud, un de ceux qui firent partie du carré des fidèles de l'Empereur, accoste sur l'île de Sainte-Hélène, rocher sinistre, perdu dans l'océan Atlantique. Sa mission # voulue par le roi des Français Louis-Philippe : ramener en France le corps de Napoléon. Durant son séjour sur l'île, témoin parmi les témoins, Gourgaud, personnage haut en couleurs à la susceptibilité ombrageuse, accomplit sa mission auprès des autorités britanniques, aidé en cela par ses anciens compagnons d'exil : le général Bertrand, le fils du comte de Las Cases, l'auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, Marchand, le mameluck Ali... Nombre de difficultés liées à l'étiquette et bien des problèmes de préséance se révèleront délicats, souvent même insolubles. Mais, en dépit de grognements et de mouvements d'humeur, le souvenir de l'Empereur est là, omniprésent, conférant à la mission de la délégation française une dignité et une émotion exceptionnelles. Le 15 octobre, entouré des autres fidèles, Gourgaud assiste avec un saisissement bouleversant, à l'exhumation du corps de son souverain. «Il faut avoir aimé l'Empereur comme moi pour comprendre tout ce qui s'est passé dans mon âme lorsque le docteur Guillard, ayant enlevé le coussin, en commençant par les pieds, nous laissa voir, à travers des flots de larmes, les restes mortels de notre héros !», écrit-il. Il laissera à la postérité ce document émouvant, qui restitue parfaitement l'ambiance lourde, électrique, qui entoura le retour de l'Empereur de sa tombe de Sainte-Hélène au dôme doré des Invalides.